dimanche 25 octobre 2015

Faire du cheval en Mongolie

Qu'on soit passionné d'équitation ou pas, les steppes de Mongolie restent pour tous indissociablement associées à l'animal fétiche du pays, le cheval. Mais cette vision collective est elle une image d'épinal? Souvenirs d'une leçon d'histoire sur les immenses chevauchées de Gengis Khan ou du dernier reportage d'Arte sur les nomades d'Asie Centrale? En réalité c'est plutôt l'inverse! En effet, on est loin de s'imaginer à quel point la plus belle conquête de l'homme est présente ici.


Partout le cheval est omniprésent, en ville on le voit dans 50% des clips musicaux qui sont diffusés sur les écrans, à la campagne on ne peut passer plus d'une heure sans croiser un coursier attendant devant une Ger, sans voir un enfant galopant à cru dans la steppe, sans s'arrêter pour laisser passer un troupeau qui traverse la route. Moyen de transport ancestral, source de nourriture grace au lait de jument, sport... le cheval fait partie de l'ADN des steppes et de ses habitants, et constitue plus que jamais un moyen idéal de découvrir le pays au plus près de sa nature.

Comment préparer son excursion?

Comme toutes excursions en Mongolie, vous avez plusieurs choix pour vous organiser, du plus déléguant au plus autonome.
  • Depuis chez vous, au chaud derriere votre PC, un grand nombre d'agences de voyage Françaises ou Mongoles sont joignables par internet ou par téléphone pour vous réserver un circuit. Pratique pour ceux qui dont le temps est compté sur place, et qui souhaitent être guidé dans le choix de l'excursion. On dispose souvent d'un grand nombre de services et de belles prestations en passant par une agence reconnue, ce qui se ressent bien sûr dans l'addition.
  • Sur place à Ulan Baator, dans l'une des nombreuses agences ou guest houses qui proposent des tours. On peut rencontrer les organisateurs, faire plusieurs devis, parler avec d'autres touristes qui reviennent de telle ou telle excursion afin d'avoir leur ressenti. En prenant deux jours à discuter avec les organisateurs, on comprend mieux le fonctionnement des tours, on se fait une idée des prix et on comprend comment les faire varier en fonction des services que l'on souhaite.
  • Directement là où vous voulez randonner. Pour ceux qui on eu le temps de potasser les guides et les forums sur internet, ou qui souhaitent simplement faire au grés de leurs envies sur place, il est tout à fait possible de préparer soi même sa randonnée sur site. Non seulement il y aura un bus public pour vous emmener à la ville la plus proche du lieu de randonnée, mais il y aura également des organisateurs qui vous attendront à la sortie du bus, et parfois même dans le bus directement! En effet, sur les bons spots de randonnée, de nombreuses familles ont fait des excursions un excellent moyen de vivre confortablement en province ! On peut alors organiser son tour presque à la carte, dans de tous petits groupes, voir à deux, en choisissant les services inclus et en négociant les tarifs. Bien sûr on est loin des standards d'une agence internationale, on traite avec des locaux et on est généralement guidé par un habitant du cru. Donc peu d'anglais, des interlocuteurs qui sont d'abord des nomades avant d'être des professionnels du tourisme, mais un tarif imbattable.

Les différents services qui constituent votre devis :

Le prix de toutes excursions peut être décomposé en différents "services". Décomposer le prix total de votre rando vous permet de comparer efficacement les devis et de savoir ce que vous payer pour éventuellement opter pour une option moins honéreuse si besoin :
- transport depuis Ulan Baator
- si besoin, transport jusqu'au lieu de départ de la rando (voiture+chauffeur+essence)
- prix par cavalier, guide inclus (ainsi que le cheval qui transporte vos sacs)
- présence d'un guide anglophone ou non
- nuit en gite touristique (généralement avec douche), ou en Ger house (une Ger qu'une famille met à disposition) ou avec votre tente
- repas inclus, ou fait par vos soins (vous achetez alors vos provisions avant le départ, n'oubliez pas la petite bouteille de gaz)
- nuitée de transit, généralement au début et à la fin de la rando, puisque Ulan Baator est souvent à plusieurs heures de route.

A quoi s'attendre une fois sur sa monture?

Chevaucher comme les descendants de Gengis Khan n'a rien à voir avec une reprise "à la Française". D'abord votre monture est bien loin de l'étalon noir. Au contraire, le cheval des steppes est plutot trappu. Assez court sur pattes, il est rond et court en longueur. Si cela facilite la montée et la descente de la bête, cela donne aussi des foulées courtes et saccadées. Le trot se mène donc à un rythme d'enfer et le galop n'est pas très élégant. Néanmoins son aspect rustique est parfaitement adapté à son environnement torturé. Que ce soit en plaine, au milieu des rochers, dans la neige, en franchissement de rivière, en côte ou en descente abrupte, le cheval passe partout sans broncher, et s'il trebuche de sa faible hauteur, il se rattrape aussi rapidement. Notons enfin la douceur incroyable de ce cheval dont le pelage épais est presque duveteux au toucher! Cela accentue son côté nounours d'autant plus qu'il ne degage absolument pas l'odeur de cheval que l'on ramene
sur son pantalon à la sortie du cercle hippique!

Concernant le matériel, il est aussi rustique que le cheval peut l'être! L'arnachement du destrier laissera circonspects ceux qui s'attendait à graisser fièrement leur licol en rentrant de randonnée. Sur la terre des meilleurs cavaliers du monde, on ne s'embarasse pas d'un bel équipement sophistiqué et honéreux, on monte à l'instinct et le plaisir réside dans une chevauchée brute, au plus proche du cheval. Ainsi le licol n'est que sangle en tissu, du type sangle de remorque, nouées entre elles et dont seul le mord est en métal. Dans la main droite les rennes, en sangle de tissu également, tandis que dans la gauche on tient une grande sangle, qui sert de cravache pour forcer l'allure et de longe à l'arrêt.
Le local monte bien sûr à cru, mais il met à disposition des fesses occidentales de petites selles dont la particularité est d'être extremement inconfortables. La crinière étant souvent raccourcie, un large pommeau est disponible sur la selle. Comme pour le licol, ici seuls les étriers sont en métal, le reste n'est que sangles à nouer ou denouer pour régler la hauteur des jambes et pour attacher les deux brides qui passent sous le ventre de la bête.

Où en faire?

C'est probablement la question la plus difficile à laquelle vous aurez à trouver une réponse. Le pays fait 3 fois la France et le cheval est le moyen de locomotion originel des habitants. Autant dire que vous pouvez en faire partout, sauf peut être dans certaines parties du désert de Gobi où le chameau est plus adapté. C'est donc surtout le temps disponible et vos centres d'intérêts qui vous guideront dans le choix de votre randonnée équestre.

Si vous avez peu de temps, voire une journée seulement, il faut mentionner le parc naturel de Khustaï qui sera l'une des meilleures options. Situé à 100km de la capitale, il abrite les fameux chevaux sauvages, dits de Przewalski, dans un beau cadre naturel. Bien doté en structure touristique, il est également très fréquenté.

A noter également le site particulierement intéressant de Kharkorin, ou Karakorum en Francais. La ville moderne en elle même n'a pas de charme mais elle présente 3 atouts pour le visiteur. D'abord elle est reliée à Ulan Baator par deux bus quotidien en 5h de trajet, ce qui en fait une destination plutôt facile d'accès. Ensuite, elle abrite les reliques de deux sites majeurs de Mongolie, que sont l'ancienne capitale Karakorum, fondée par Temujin alias Genghis Khan, ainsi que le monastère Erdene Zuu, plus grand édifice du genre en Mongolie. Les deux peuvent faire l'objet d'une belle balade pédestre d'une après midi sur les traces de la grandeur passée du pays. Enfin, c'est un point de départ idéal pour les randonnées à cheval dans un cadre superbe, notamment dans le parc de la vallée de l'Okhron. A quelques heures de routes et de pistes, cette vallée sauvage, peuplée de famille nomade et de leur troupeau est un lieu idyllique. Encadrée par deux chaines montagneuses recouvertes de forêts, l'immense vallée donne un terrain de randonnée varié propice aux grandes chevauchées.

Tout le monde peut-il en faire?

C'est la vraie bonne surprise des chevaux Mongols. De nombreux éleveurs mettent à disposition des novices des chevaux extremement bien dressés, doux dans leur comportement et dociles aux rennes. Ainsi un débutant pourra tout à fait goûter aux joies de chevaucher au pas dans les steppes, sans l'anxieté d'avoir une furie prête à bondir au triple galop à chaque instant. De plus, la petite taille des montures rassure le jeune cavalier qui ne se voit pas trop loin du sol qui accueillera sa possible chute.


Conseils pratiques pour ceux qui organisent eux-mêmes leur excursion :

- si vous avez choisi d'emporter votre propre ravitaillement, prenez de quoi partager avec votre/vos guide(s). Il est de coutume de partager sa nourriture chez les nomades et il serait très mal vu de ne pas le faire...

- faites écrire votre programme de randonnée par votre organisateur. Ce n'est souvent pas lui qui vous accompagnera, et les guides ne parlent pas toujours anglais... Un document très utile si le guide souhaite prendre un "raccourci" pour aller finir une partie de cartes chez un copain...

- essayer d'avoir un téléphone portable avec une carte sim locale. Il se peut que vous ayez besoin de parler avec votre organisateur pour clarifier quelque chose avec le guide.

- si vous emportez vos vivres, demandez à votre organisateur un camping gaz, que vous alimenterez avec un bouteille de gaz achetée en magasin.

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